La littérature et le cinéma de science-fiction explorent régulièrement la différence entre l'homme et la machine. La figure de l'androïde fascine ainsi les auteurs comme les lecteurs et spectateurs : mis en scène comme un nouveau démiurge, l'égal du Dieu créateur des trois religions monothéistes, l'homme crée un nouvel Adam, une nouvelle Ève (le prénom Ève/Ava et ses dérivés sont fréquemment attribués à ces créatures robotiques féminines : voir le roman L'Ève future de Villiers de l'Isle-Adam, le film Ex Machina, Wall-E...). L'homme ainsi frappé de démesure (en grec ancien, hybris) en est, en général, puni et finit souvent tué par sa créature, devenue consciente et souffrante (par exemple dans le film de Ridley Scott Blade Runner).
La science-fiction permet donc à l'homme d'interroger ce qui le constitue : est-ce l'humour ? l'empathie ? le libre arbitre ? la justice ? la poésie ? la conscience de soi ?
Au fil des œuvres, les créatures androïdes manifestent tour à tour ces différentes caractéristiques. Certaines machines font même preuve de plus d'humanité que les humains (AI, Westworld). Le robot esclave programmé, et donc déterminé, dans la série Westworld, accède à la liberté (et au désir d'affranchissement). Le réplicant Roy Batty, dans Blade Runner, conscient de sa finitude, aime sa compagne, se bat pour ses droits, sa liberté et finit, une fois à l'agonie, par prononcer une tirade d'émerveillement devant le monde : "J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli... comme... les larmes... dans la pluie. Il est temps de mourir."
En créant de telles œuvres d'art, l'homme exprime donc aussi son angoisse : que lui restera-t-il en propre quand les intelligences artificielles et les automates seront aussi perfectionnés ? La science-fiction, en s'emparant du thème du robot intelligent et sensible, permet ainsi à l'être humain de reconduire le geste philosophique en s'interrogeant : quel sens donner à ton existence ? Qui es-tu ? Les œuvres de science-fiction contemporaines réitèrent par là-même la maxime inscrite au fronton du temple de Delphes : connais-toi toi-même.
Consignes et questions :
1. Répartissez-vous en quatre groupes, chacun choisissant d'étudier l'une des quatre documents.
2. Produisez un résumé synthétique de votre document.
3. Analysez, dans l'exemple qui y est travaillé, les promesses de la technique, et les problèmes inédits qu'elle soulève, en l'interrogeant sous l'angle de la liberté.
4. Selon vous, les utilisateurs de la technique mesurent-ils ces enjeux ? Pourquoi ne le peuvent-ils pas ? En vertu de quoi estimons-nous qu'ils le devraient pourtant ?
5. Chaque groupe restituera à l'ensemble de la classe les résultats de ses analyses sous la forme d'un exposé oral structuré d'une durée de dix minutes maximum, sans prendre appui sur ses notes écrites.
Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/philosophie-terminale ou directement le fichier ZIP Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0